La Famille Etendue chez les Chawai et la Catholicite de l’Eglise

INTRODUCTION

7517714  La famille joue un rôle très crucial en Afrique. C’est pourquoi Mbiti disait que « chaque personne dans la vie traditionnelle africaine vit dans une ou comme une partie de la famille. »[1]

Ainsi dans ce travail sans prétendre être exhaustif sur tout élément, détail et implication, nous voulons simplement faire un exposé sur : « La Famille étendue chez les Chawais et la conception de la Catholicité de l’Eglise ». Pour bien accomplir cette tâche, nous allons d’abord faire l’exposé  sur les Chawais, qui sont-ils ? Nous allons tenter de fournir une description de la famille étendue chez eux et la fonction de cette famille dans la société africaine. Apres cela, nous allons explorer la conception de la catholicité de l’Eglise. Puis, nous allons montrer comment  cette conception est semblable au concept de la famille étendue chez les Chawais. D’ailleurs, avant d’aborder ce discours en profondeur, nous voulons savoir vraiment qui sont-ils les Chawais ?

1. LES CHAWAIS, QUI SONT-ILS ?

Il y a approximativement 90,000 personnes qui parlent la langue Chawai en Afrique.[2] Ils sont à l’origine du Nord du Nigeria, dans un district du Kauru dans l’état du Kaduna. Selon l’anthropologue et l’historien C.K MEEK dans son livre en anglais, « Tribes of Zaira Province », il confirmait que l’Atsam bien connu comme le peuple de Chawai s’installèrent dans leur emplacement présent avec une administration traditionnelle très organisé avant  l’an 1350.[3]

1.1 LA CONCEPTION TRADITIONNELLE DE LA FAMILLE ETENDUE CHEZ LES CHAWAIS

Chez les Chawais la famille étendue est une famille basée sur la parenté ;  c’est-à-dire, rapport du sang biologique et sur l’affinité, c’est-à-dire, rapport du sang de deux partenaires du mariage. Une telle famille inclurait aussi des enfants adoptés. En principe, cette famille est vraiment très large et elle est  constituée des enfants, des parents, des grands-parents, des oncles, des tantes, des frères et des sœurs qui peuvent avoir leurs propres enfants. C’est pourquoi  je suis d’accord avec Mbiti quand il disait que « Pour le peuple africain, la famille a un cercle beaucoup plus large de membres que le mot suggéré en Europe ou Amérique du nord».[4]  Ce nombre peut même être multiplié surtout dans la tradition du Chawai, car les Chawais sont favorable à la polygamie. Or comme nous le savons, la polygamie couvre plusieurs réalités et fait par regrouper plusieurs familles.

En plus, le concept de la famille étendue chez les Chawais englobe aussi les membres décédés de la famille aussi bien que ceux qui ne sont pas encore nés. Les enfants qui ne sont pas encore nés sont importants parce que c’est eux qui vont assurer la survie de la famille.[5]

En regardant la structuration de la famille étendue chez les Chawais, on verra que les membres vivent ensemble dans un enclos traditionnel qui constitué des plusieurs maisons, les unes à côté des autres ou séparées  par quelque distance. En cas de séparation géographique, la famille rassemblera  pour prendre des décisions importantes à propos de la famille.

1.2 LES FONCTIONS DE LA FAMILLE ETENDUE

E.O AYISI,  dans son livre « An Introduction to the Study of African Culture” voit la famille étendue comme la raison d’être de toutes les  coopérations sociales.[6]   J’ai trouvé cela très génial au point de vue de notre discours, parce que chez les Chawais un individu existe à l’intérieur d’un plus grand groupe, auquel sa famille est incluse.[7]  C’est dans ce groupe qu’il acquiert son identité. Il dépend de ce groupe pour sa survie sociale et physique. Et c’est à ce groupe qu’à  travers plusieurs rites de passage qu’il deviendra progressivement un membre plein de la communauté. Il est donc obligé a quelque sorte de prendre un rôle à assurer pour la survie de ce groupe à  travers le mariage et la procréation.[8]

La famille étendue chez les Chawais fonctionne aussi comme la première communauté religieuse à laquelle un individu appartient[9]. A partir de cette entité, les grands parents et les parents enseignent aux autres membres le grand héritage religieux et spirituel. En plus, il pourrait être plus probablement la première place où les membres de la famille ont eu des connaissances de Dieu, d’Esprit, d’ancêtres et de vie après la mort.

La famille étendue chez les Chawais est beaucoup appréciée comme un moyen de support mutuel, Depuis  que « on est parce qu’il y a les autres »,[10] les membres de la famille étendue se supportent psychologiquement et pratiquement l’un a l’autre. Un bel exemple de ce support peut être vu en cultivant de la terre, en élevant les enfants, en prenant soin des personnes âgées et des malades. En cas de besoin, un individu pourrait compter sur le soutien dans sa famille étendue. C’est aussi un moyen d’assurer la sécurité, depuis que plus de membres de la famille étendue vivrait dans la même enclos ou bien, près de l’un à l’autre.

2. LA CONCEPTION DE LA CATHOLICITE DE L’EGLISE

Le mot Catholique vient du mot grec «katholikos» qui signifie “universel”.[11]  Ce mot apparut dans les classiques grecs, par exemple en Aristote ; et il a été utilisé librement par les premiers écrivains chrétiens. Donc nous rencontrons dans leurs écrits de telles expressions comme : « la résurrection catholique » chez Justin de Martyr où nous devrions parler de la « résurrection générale »et « la bonté catholique de Dieu » chez Tertullien, où nous devrions parler de la « la bonté universelle de Dieu ».[12]

La combinaison « L’Eglise Catholique » apparut pour la première fois dans la lettre de St. Ignace écrit en l’an 110. Les mots courus : « Où que l’évêque paraitra, là les gens doivent être, comme où Jésus peut être, il y a l’Eglise universelle (katholike) »[13]

Dans les deux premiers siècles, deux idées surgirent sur la conception de la Catholicité de l’Eglise. La première était la conception géographique de l’universalité, auquel inclut l’universalité du peuple et la condition de vie. La deuxième était l’universalité de la vérité et l’orthodoxie.[14]Saint Augustin, particulièrement en opposant le schisme de Donatiste, développa la notion géographique de la catholicité.[15]

Cependant, la notion de la catholicité de l’Eglise qui m’a beaucoup touché et celle donnait par Saint Cyrille de Jérusalem. Le père expliqua avec plaisir la catholicité par tous les aspects de l’Eglise capable d’être universel : Elle s’est étendue partout au monde ; elle apporte la vraie religion à tous les hommes ; elle parle aux gens de toutes les conditions ; elle guérit tous les genres de péché et elle offre aux hommes le plus vrai don spirituel.[16]

Un autre texte avec les caractéristiques abondantes sur l’universalité de l’Eglise est celui de JEAN de Ragusa. « L’Eglise est Catholique », il disait ; « parce qu’elle étend à toutes les places, sur tous les temps, d’Abel à la fin du Monde. Elle s’est étendu parmi tout le peuple (Ap. 7,7), elle propose tous les préceptes universels, et pas l’obligation particulariste de Judaïsme. Elle possède tous les  remédes sacramentaux pour chaque mal et chaque faute ; elle  enseigne une doctrine complète qui donne à tous les hommes tout ce qui est nécessaires pour le salut ; car elle est le moyen universel du salut ; elle est catholique en vertu de son adoration qui est présentée à chaque chemin et à tout moment. Finalement, elle embrasse tous les hommes, les bon et les mouvais ».[17]

3. LE POINT DE CONVERGENCE ENTRE LA FAMILLE ETENDUE ET LA CATHOLICITE DE L’EGLISE

La famille étendue et la catholicité ou bien l’universalité de l’Eglise sont deux mots tout à fait différents. Dans quel sens disons-nous qu’existe un point de convergence entre eux ? Autrement dit, dans quel sens pouvons-nous dire que cette totalité, ou universalité ou bien catholicité de l’Eglise s’applique à la conception de famille étendue chez les Chawais ? Je dirais selon trois significations fondamentales.

Primo, La famille étendue chez les Chawais est une place où un individu reçoit son identité. Celui-ci est dépendant de cette famille pour sa survivance physique et sociale. De même s’applique à l’Eglise. C’est dans l’Eglise que nous trouvons notre identité comme  chrétiens. C’est là que chacun de nous trouve ce qui est essentiel pour croire et pour vivre en chrétien.[18]

Secundo, pour les Chawais, la famille étendue est un lieu de communion. Cette communion existe très forte au point que les membres de cette famille étendue pourraient vivre ensemble dans un enclos traditionnel constituant de plusieurs maisons. Même les défunts sont considérés être en communion avec la famille étendue ; ceux qu’on appelait les ancêtres ont le devoir de sauvegarde cette communion au passage du temps. De la même façon dans l’Eglise nous vivons ensemble dans la communion et l’amour qui vient de Dieu. « L’Eglise embrasse un grand nombre de personnes, de peuple qui professent la même foi, se nourrissent de la même Eucharistique, et sont servis par les mêmes pasteurs. »[19]  Cette communion s’étend aux Saints, c’est-à-dire l’Eglise glorieuse ; ces Saints qui nous supportent par leurs intersessions.

Tertio, une des valeurs de famille étendue chez les Chawais est l’aspect de l’universalité. Avec cette conception, la famille étendue s’étend au groupe ethnique comme une grande famille. N’importe où on se trouve, les Chawais se voient comme une grande famille et ils donnent un soutien mutuel l’un a l’autre. Ils forment aussi l’association pour le bien-être de tous. De la même façon, l’Eglise est un corps universel qui embrasse un grand nombre de personnes qui professent la même foi. Les associations dans l’Eglise comme celle des femmes, des jeunes et des hommes peuvent être vues comme une expression pratique de l’esprit de famille étendue basée non pas sur le sang mais plutôt sur la foi.

CONCLUSION

La conception de la famille étendue en Afrique je dirais sans doute est vivement présente et vivante dans le peuple africain même si  elle s’exprimait dans une forme pas tellement traditionnelle. Voilà pourquoi les Peres des synodes africains ont  vu la famille comme une expression particulièrement appropriée pour l’Eglise Africaine. Cette expression de famille, surtout la famille étendue est vraiment importante parce que de là sort  « la solidarité, la chaleur des relations, l’accueil, le dialogue et  la confiance. »[20]Tous ceux-ci sont valeurs fondamentales au sein de l’Eglise catholique.

BIBLIOGRAPHIE

  1. SOURCE DE L’ECRITURE SAINTE

La Bible de Jérusalem, 3e éd. Rome, Cerf /Verbum Bible, 2001.

  1. INSTRUMENTS DU TRAVAIL

BARBEY Philippe, Les Témoins de Jéhovah : Pour un Christianisme Original, Le Harmattan, 2003.

AYISI E.O, An Introduction to the Study of African Culture, Nairobi: East African Educational Publishers, 1992.

BATIFFEL P., Le Catholicisme de Saint Augustin, 5e éd. Paris,  Cerf, 1929.

CYRILLE de Jérusalem, cité en G. THILS, Les Notes de l’église dans l’apologétique catholique depuis la réforme, Gembloux 1937, 214–254.

MBITI JOHN, Introduction to African Religion, 2 ed., Nairobi: East African Educational Publishers, ltd. 1975.

MBITI JOHN, African Religions and Philosophy, London: Heinemann Educational Books, Ltd. 1969.

MEEK C. K., Tribe of Zaria Province, Kaduna: Arewa Publisher, 1920.

RAGUSA J., Tractatus de Ecclesia, Basel: University Library, 1965.

ROTTMANNER O., “Catholica” Revue Benedictine, 17, 1965, pp. 1-9.

  1. Thurston, “Catholic” in the catholic Encyclopedia, New York: Thompson Gale Company, 2003, pp.274-275.
  2. DOCUMENTS DE L’EGLISE

Catéchisme de l’Eglise Catholique, Centurion : Paris, 1998.

Jean Paul II, Ecclesia in Africa, Kinshasa: Mediaspaul, 1995.

VATICAN II, Lumen Gentium, Paris, Du Centurion, 1967.

  1. WEBOGRAPHIE

http://www.vatican.va/holy_father/francesco/audiences/2013/documents/papa-francesco, visité le 14-2-2014.

Southern Kaduna, Online, http://www.sokadworld.com, visité le 14-2-2014.

www.newadvent.org, visité le 14-2-2014.

 Endnotes

[1] J. MBITI, Introduction to African Religion, 2 ed., Nairobi: East African Educational Publishers, ltd. 1975, p. 175.

[2] Southern Kaduna, Online, http://www.sokadworld.com

[3] C.K MEEK, Tribe of Zaria Province, Kaduna: Arewa Publisher, 1920, p.25

[4] J. MBITI, African Religions and Philosophy, London: Heinemann Educational Books, Ltd. 1969, p.106

[5] J’ai eu une interview avec mon Oncle à travers le réseau social en 7-2-2014.

[6] E.O AYISI, An Introduction to the Study of African Culture, Nairobi: East African Educational Publishers, 1992, p. 16.

[7] Une interview avec mon Oncle.

[8] Ibidem.

[9] Ibidem.

[10] J.MBITI, African Religion and Philosophy, Op. cit., p. 108.

[11] www.newadvent.org, visité le 14-2-2014.

[12] H. Thurston, “Catholic” in the catholic Encyclopedia, New York: Thompson Gale Company, 2003, pp.274-275.

[13] P. BATIFFEL, Le Catholicisme de Saint Augustin, 5e éd. Paris : 1929.

[14] O. ROTTMANNER, “Catholica” Revue Benedictine, 17, 1965, 1-9

[15]P. BATIFFEL, Op. cit.

[16] CYRILLE de Jérusalem, cité en G. THILS, Les Notes de l’église dans l’apologétique catholique depuis la réforme, Gembloux 1937, 214–254.

[17] J. RAGUSA, Tractatus de Ecclesia, Basel, University Library, 1965, p.29.

[18] http://www.vatican.va/holy_father/francesco/audiences/2013/documents/papa-francesco, visité le 14-2-2014.

[19] Ibidem.

[20] Jean Paul II, Ecclesia in Africa, Kinshasa: Mediaspaul, 1995, p.69.

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